Les Brumes Avaloniennes

-"Et l'homme qui a disparu sous les eaux, l'élu? Comment Merlin savait qu'il était l'élu?"

-"Merlin sait beaucoup de choses"

-"Et qu'avait-il de si différent?"

-"Il voyait, et possèdait le corps et l'âme nécessaire pour "recevoir"..."

-"il voyait mais que voyait-il au juste?"

-"Il avait la possibilité de voir de "l'autre côté", plus loin que la faculté de juger d'un simple homme!"

-"Et lors de l'embuscade, pourquoi n'a t-il rien vu?" dis je malicieusement

-"Quelqu'un l'en a empêché..."

-"qui?"

-"Ohhh (me dit-il avec un grand sourire) une personne qui avait besoin de ses services et qui "voyait" mieux que lui...

-"Merlin? mais que devait-il "recevoir" de si important pour que Merlin fasse une chose pareille..."

-"Recevoir le pouvoir et les ordres."

-"Quel pouvoir?"

-"L'éternel."

Je me tournai à ce moment là vers l'horloge suspendue et me rendis compte qu'il était huit heure du matin, j'aurai du rentrer depuis déjà trois heures et les soeurs devaient me chercher...Ellen a du leur mentir...je risque presque le bucher mais comme Hawk me l'a dit, la nuit va être longue et je ne partirai pas d'ici sans savoir qui sont mes parents...

car il me semble que personne d'autre que Hawk ne le sache.

- " Merlin tenu sa promesse...

Après 1000 longues années et un jour, il déposa dans une barque de bois, l'homme désigné comme élu. Son torse était transperçé de tout côté par de nombreux coups de couteaux, on lui avait tendu la veille une embuscade et on l'avait laissé pour mort...c'était un marin honnete et droit."

-"Pourquoi Morgane avait-elle besoin de cet élu?" demandais-je

-"Pour l'exécution.

Pour "les" exécutions devrais je dire...Morgane avait demandé le nom du criminel, persuadée qu'Arthur n'était pas mort à la guerre, or Merlin a trouvé plus que le nom d'un homme, il a trouvé les 9. Il y avait 9 traitres et 9 noms étaient inscrits en bleu sur la parchemin. L'élu d'Arthur avait pour mission de trouver ces 9 hommes et de les punir par la mort."

-"Comment est il possible de se venger 1000 ans après? personne ne peut vivre 1000 ans."

-"les corps non, mais les âmes oui - et c'est souvent les âmes les plus malfaisantes qui survivent au temps, en Orient ils les appellent les Djinn..."

-"L'élu était destiné à tuer de pauvres gens, parce qu'ils possedaient une âme "autrefois maléfique"?

-"L'histoire se répète Peera, les âmes à Calcutta ne se reposent jamais".

"Au village, personne ne le cru, son histoire a fait le tour de tous les bars, pourtant ce qu'il avait vu était bien réel, je peux te l'assurer Peera, enfin....

Un medecin vint le voir pendant quelques semaines, il lui racontait la même chose à chaque fois...le mèdecin finit par conclure à une forme d'hérétisme, de refus de la délivrance de Dieu et tout le reste..il conseilla la pendaison.

Pauv'e vieux va, méritait pas ça...rhmmm, revenons à notre légende...

Merlin n'avait pas agis par hasard.

Le "parchemin de la barque" était une missive destinée à Morgane, dans laquelle il apportait une réponse à sa requête:

"Merlin mon ami, je te rends visite car mon esprit a besoin d'être éclairé, cela fait bien des siècles que je cherche en vain une réponse à mes questions. Ton savoir est grand et je n'ai rien à t'apprendre. mais je te promets deux potions qui te sont inconnues et ma reconnaissance éternelle, si tu me donnes le nom de celui qui a tué Arthur."

Merlin caressa sa barbe et acquièça

"Tu me porteras la réponse la nuit, tu la feras glisser le long des eaux à bord d'une barque de bois où tu déposeras le corps de l'homme élu, prend tout le temps qu'il te faudra pour le trouver Merlin, la vengeance ne se compte pas en années ni même en siècles, un homme loyal, courageux et qui n'aura pas la pitié pour foi. Tu sauras le jour venu.

Tu inscriras le nom que je désire connaitre à l'encre bleue, tu feras en sorte que personne ne le sache et tu le remettras à l'homme.

A ton retour, tu trouveras sur la table de ton atelier les ingrédients et les formules dus."

Merlin acquièça de nouveau: Donne moi 1000 ans."

"Soudain, le vieillard remarqua que l'eau noire et épaisse où il naviguait depuis des heures, s'éclaircissait sous sa barque, une luminosité emeraude, incroyable et inquiétante...

Il rama, s'éloigna le plus vite qu'il pu du halot de lumière, qui formait un cercle à la circonférence parfaite, entourant la barque ou gisait le corps de l'inconnu.

Non, la lumière ne venait pas du ciel, mais bien de l'eau...le pêcheur s'écarta un peu plus, sa peur était grande tout autant que sa curiosité...

Puis les eaux se mirent à tourner, la brume dansait dans les entrailles de la nuit, une sphère "verte comme le jade" enveloppa la barque et la fît disparaitre sous les eaux.

Puis le calme.

Le pêcheur cru voir, avant de prendre la fuite,un visage se dessiner dans la brume, un visage qui le stupéfia! Il rama de toutes ses forces jusqu'à la côte et rentra chez lui tremblant et appeuré...

Le visage dans la brume, il en était sur, il l'avait vu, c'était celui d'Arthur."

Hawk toussauta, une pate blanche aux reflets bleutés s'étala dans la paume de sa main, qu'il essuya negligemment avec le revers de son gilet, à vomir....

"C'est que je me fais vieux ma petite...

Dans la barque, il y avait un marin, un brave marin, le buste parsemés de coup de couteaux, il se mourrait"

Il toussa à nouveau

"il parait que certains habitants de la côte, ont prétendu entendre un homme hurler de douleur durant trois nuits, sans savoir d'où provenaient ces cris...

Le pêcheur, témoin du cérémonial de Merlin... et ma foi bien curieux, décida une nuit, alors que la lune était rouge sang, de rejoindre les abords de l'île, afin de retrouver la barque et l'homme bléssé. Il se munit d'une torche, d'un chapelet et d'une arme.

Il fît le tour des eaux bordant l'île, plusieurs fois peut-être, mais le brouillard rendait toute visibilité impossible.

Il tourna ainsi de nombreuses heures jusqu'au moment où sa barque cogna quelque chose vers l'avant, l'arme à la main, il s'approcha en tenant fermement la torche et vit l'homme barbu.

Il n'était pas mort, sa respiration était bruyante et saccadée, sa chemise rougissait d'avoir pompé tout son sang.

Le vieillard chercha le parchemin, mais celui-ci avait disparu."

"T'es cultivée toi? tu dois connaitre un peu la littérature, tu sais qui est Arthur?!"

(Arthur, oui mais où veut il en venir?)

il repris

"Alors qu'il agonisait, succombant peu à peu à de profondes blessures, Arthur a été  amené par son chevalier le plus fidèle, sur l'île d'Avalon...pour y reposer en paix. Le chevalier confia le corps du roi à Morgane, une "herboriste" qui avait déjà soigné avec succès, une première fois, les blessures d'Arthur.

Mais cette fois ci les plaies étaient insoignables car trop infectées; à son grand désarroi, Morgane ne pu rien faire et il décéda.

Folle de rage, elle se rendit chez, hmmm comment dire...hmmm, un "diseur de bonne aventure", un certain Merlin, afin de conclure un marché.

Elle le convaint, en échange de remèdes dont elle avait le secret, de trouver le nom de l'assassin.

Tu sais petite, Arthur était certes un Sage, mais les ennemis du Royaume d'Albion était nombreux...

Merlin s'exécuta.

Un vieux pêcheur dit avoir vu Merlin, en compagnie de cinq moines, déposer le corps d'un homme barbu presque inanimé, dont la chemise était couverte de sang, au fond d'une petite barque...et mettre sur son ventre un rouleau de papier noué de fil rouge.

La barque fut poussée au large, en direction d'Avalon et disparu dans la brume épaisse qui entoure l'île."

"Pourquoi aurais-je à craindre d'un passé qui n'est pas le mien?" lui demandais je

"Ecoute petite, ton insouciance va avec ton jeune âge, ta mère te ferait condamner à la grande câle si elle entendait ça" dit il d'une voix grave

Alors avale cette mixture et ouvre bien grand tes oreilles, cette histoire tu ne l'entendras qu'une seule fois.

Ses yeux me sondaient, il se passait quelque chose que je ne contrôlais pas, il toucha son crâne chauve d'avant en arrière...je ne parlai pas.

"La boite...t'a t-elle été remise?"

de ma tête je fis un signe affirmatif.

"dedans... as tu trouvé..?" - "une dague et une photo" lui dis je.

" A très bien, tant mieux, tu sais petite, Peera c'est ça??!! j'ai jamais eu confiance en l'église et encore moins aux femmes..."

Dans la salle, plus personne ne s'interessait à nous, nous étions seuls, nous et le secret.

le serveur vint alors me servir une liqueur dans un verre ébréché, je lui fis signe que je ne souhaitais pas boire....le chauve me dit :"ta mère, elle aimait beaucoup ça.."

Ce mot, "ma mère" retentit encore et encore...il connait ma mère, mes yeux se fixèrent sur lui, il avait gagné mon attention...toute mon attention.

"Les autres m'appellent Hawk, tu n'as pas à avoir peur, tu es chez toi ici..."

Je regardai autour de moi et j'eu du mal à le croire!!

"Mais vous avez dit "ma mère" ???" repondis je

"Tu vas bien vite en besogne ma petite, et si tu veux connaitre l'histoire, la nuit va être longue...tu connais des légendes, petite??? mon pauvre Hawk, bien sur qu'elle en connait des légendes, elle est catholique la fillette, des légendes, elle n'a appris que ça depuis qu'elle est née..."

"Jesus n'est pas une légende, Marie non plus, Monsieur..." - on ne porte pas atteinte au sacré en ma présence.

"oui oui" ria t'il, "mais la mienne de légende, elle sera ton fardeau. Elle est la cause de ta naissance et sera celle de ta mort, tu la portes dans ton sang, tu n'y échapperas pas".

Une bras passa au dessus de mon épaule gauche et déposa sur la table cinq pièces d'or, de vraies pièces d'or, j'en suis certaine...une voix sombre, rauque et dénuée de toute illusion s'adressa sèchement à Ellen "tu me l'a emmenée, comme convenu"...

Ellen pris d'un geste vif la monnaie, et partit en courant sous les rires, vomissant des gueules des soulards...spectacle pitoyable... certains même lui ont jeté des verres vides qui se sont écrasés bruyamment sur le sol déjà trop sale.

L'homme pris la place d'Ellen - sa taille était démesurée, son ventre aussi, aucune chance que je m'échappe, ses bras témoignaient d'un lourd labeur, et son visage d'un lourd tribu à payer.

"je t'ai retrouvée avant eux.." me lanca t-il.

L'air était humide,

Je regardai Ellen, son visage était si pâle, ses mains tremblantes...dans la pénombre, j'avais quelques difficultés à voir ses yeux, nous restâmes sans rien dire, assises...elle attend...oui elle semble attendre quelqu'un, elle jette de petits regards furtifs dans la pièce, parfois derrière elle...

A une table plus loin, à ma gauche, un vieil homme à la peau jaunie boit une bière, un étrange oiseau coloré sur l'épaule, un oiseau qui prononce des syllabes, le vieillard lui répond...à vue d'oeil c'est un marin, ou un corsaire ou..un bandit.

l'homme au comptoir nous regarde, il ne vient pas, ne nous demande pas ce que l'on désire boire, Ellen joint ses mains, elles ont l'air moites, elle prie et soudain lève les yeux au dessus de ma tête...je vois une ombre noire se dessiner sur la table, celui qu'elle attend est derrière moi, je n'ai pas peur,je ne me retourne pas, cette personne est venue pour moi, je le sens depuis le départ du pensionnat,

Les yeux d'Ellen se brouillent en une marre de larmes, elle m'a tendu un piège

La partie peut commencer...